
Nikko, part.2 — Temple Rinno-ji
Pour cette deuxième journée à Nikko, direction les temples et sanctuaires pour découvrir les monuments de cette région classée au patrimoine mondial de l’UNESCO ! Comme dit précédemment, le Nikko World Heritage est un ensemble d’une centaine de temples et sanctuaires, véritables trésors niché au cœur d’une montagne luxuriante. Ce qui fait le charme de ce lieu sacré, c’est ce mélange de nature et d’architecture traditionnelle qui forment un ensemble dépaysant où l’émerveillement est de mise.
Si le site se compose d’une centaines de monuments, ils appartiennent en réalité tous à trois structures principales : un temple bouddhiste, le Rinnō-ji, et deux sanctuaires shintoïstes, le Futarasan Shrine et le Toshogu Shrine.
Shōyō-en Garden



Situé face au bâtiment principal du temple Rinnō-ji auquel il appartient, le jardin Shōyō-En a été créé au début de l’époque Edo et s’inspire des vues du Lac Biwa. On y retrouve les éléments traditionnels des jardins japonais : étang, ponton, lanternes de pierre, maison de thé, et bien sûr de nombreuses plantes savamment disposées pour que l’endroit respire la sérénité — en tout cas, c’est toujours ce que je ressens quand je parcoure ce type de jardin. J’ai beau en avoir visité plein, je ne m’en lasse jamais !
À côté se trouve le musée Rin’nōji Houmotsuden treasure house, qui présente de nombreux artefacts historiques ainsi que des portraits de shōguns.
Rinnō-ji

La construction de ce temple bouddhiste créé par un moine remonte à l’année 766 et au fil des siècles, ce qui était au départ un temple modeste s’est agrandi pour devenir le complexe de plusieurs halls et temples que l’on connaît aujourd’hui. Le Hondo, hall principal (en photo ci-dessus), est notable par ses trois statues de bouddhas. Les photographies sont interdites à l’intérieur, mais il vaut clairement le détour ! Derrière se trouve le Daigomado, hall réservé à la cérémonie du feu.
Je me suis arrêtée pour allumer de l’encens à l’extérieur, glisser une pièce à l’intérieur du hall et acheter une amulette de protection pour ma santé (les fameux omamoris, ces amulettes en tissu brodé que l’on trouve dans chaque temple). Fascinée par les rites religieux, j’aime me conformer à ceux des pays que je visite en priant dans les lieux qui m’inspirent. Et j’apprécie le fait que bien que mon compagnon soit athée et ne comprenne pas forcément ma démarche, il attende sagement que je finisse mes rituels sans jugement.



Il faut ensuite marcher un peu pour rejoindre le Taiyuin, un mausolée où se trouve le tombeau du shōgun Tokugawa Iemitsu. Après une première volée de marches en pierre, on passe une première porte, Niomon, pour découvrir sur la droite le pavillon de purification Suibansha et sur la gauche, une deuxième porte imposante, Nitenmon.

Déjà sous le charme des lieux, j’étais loin de me douter que nous n’étions pas au bout de nos surprises : derrière cette porte, de nouvelles rangées d’escaliers nous mènent au sommet, là où se trouve ledit mausolée. Et là…
Je me suis mise à pleurer.
Il faut savoir que ce voyage au Japon, c’était la première fois que je prenais deux semaines de vacances en 4 ans, depuis la signature de mon CDI. À ce moment-là, cela faisait un peu plus d’un an que j’avais replongé en dépression, avec arrêts maladies, hospitalisation en clinique psychiatrique de jour et obtention de mon diagnostique.
Un an donc que je luttais contre l’envie viscérale de me foutre en l’air, m’imaginant chaque jour m’ouvrir les veines tandis que sortir du lit était une véritable épreuve. Et là, pour la première fois depuis très longtemps, je me suis sentie profondément heureuse d’être en vie. Heureuse d’avoir combattu et surmonté mes démons intérieurs pour me retrouver là. La beauté des lieux m’a émue à un point difficilement descriptible, entre la forêt de cèdres nous entourant, la splendeur architecturale des monuments, leur jolie teinte vermillon… C’est dans ces moments-là que soudain, certains faits longtemps oubliés redeviennent limpides : oui, la vie vaut la peine d’être vécue, tout n’est pas noir et si l’humain est capable du pire, il est aussi capable de véritables merveilles.
Je suis consciente que c’est une pensée très bourgeoise car toutes les personnes qui se battent avec leur santé mentale ne sont hélas pas en capacité de s’offrir un voyage à l’autre bout du monde en guise de thérapie, et c’est là que je mesure d’autant plus la chance que j’ai. La chance de pouvoir me permettre ce voyage, la chance que mes pas m’aient menés jusqu’à un endroit aussi beau, la chance de partager ça avec l’homme que j’aime comme je n’ai jamais aimé, la chance de pouvoir me sentir tout simplement bien.
J’ai pleuré à grosses larmes pendant de longues minutes tout en respirant à grandes bouffées la douce odeur de l’air, et d’y repenser me donne les larmes aux yeux. Un instant qui paraîtrait anodin pour certains ; mais qui, pour moi, fut une plongée en introspection. Quand on n’a que trop pleuré de tristesse, de colère, d’injustice, d’incompréhension et de tous ces sentiments confus amenés par la dépression, c’est une réelle délivrance de pleurer de pur bonheur, ça chamboule de l’intérieur, c’est indescriptible… Et ça fait du bien, putain. Ça fait du bien de se sentir revivre.



Au prochain article, je vous emmènerai à la découverte du sanctuaire Futarasan !
Localisation
Nikkozan Rin’nōji Temple sanbutsudo
2300 Sannai, Nikko, Tochigi 321-1494, Japon
08:00 〜 16:00
https://www.rinnoji.or.jp/en/
Shōyō-en Garden
Sannai, Nikko, Tochigi 321-1431, Japon
08:00 〜 16:00
https://www.rinnoji.jp/signboard/qr0007.html


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