Bouts de vie,  Photographie,  Réflexion

Auto-censure

Je me souviens d’un temps lointain où mes photos et mes dessins s’accompagnaient de textes et représentaient un moyen d’exprimer toutes sortes d’idées qui bouillonnaient en moi.

D’ailleurs, à l’époque, je vivais une sorte de paradoxe où je considérais que l’impudeur du corps était bien plus acceptable que l’impudeur de l’âme, préférant bien souvent m’exprimer par des images de ma chair mise en scène que par des mots.

Mais, même si je gardais une forme « d’auto-censure » sur certains sujets – notamment concernant tout ce qui touche à mes faiblesses psychologiques par crainte que des personnes malveillantes puissent s’en servir contre moi, je n’avais pas peur d’exprimer mes idées, mes opinions, mes réflexions.

Censure | Photomontage, 2008

Créer, écrire et partager ce que je faisais, c’était ma bulle d’oxygène, ma façon d’extérioriser, mais aussi bien sûr d’échanger pour m’améliorer d’un point de vue technique. Ça m’a permis de rencontrer des personnes merveilleuses – dont certaines avec qui j’ai gardé contact bien des années après.

Et puis, petit à petit, j’ai cessé et j’ai tout envoyé valser. J’ai fait le tri, j’ai censuré. Supprimé, le blog et le forum ; effacées, les photos présentant un poil de nudité ; abandonnés, les comptes sur lesquels je partageais mes images. Je voulais sombrer dans l’oubli.

Si j’ai fait tout ça, c’est d’abord en pensant que ça m’aiderait à préserver une relation amoureuse pour laquelle je me suis complètement coupée de moi-même et me suis mise à détester tout ce que j’aimais faire… Ensuite parce que j’ai traversé diverses phases où j’avais l’envie d’un « nouveau départ« , de « tout reprendre à zéro ». Et ces phases se sont souvent accompagnées d’un « j’efface tout et je recommence« . L’auto-censure et l’anonymat sont d’ailleurs des thèmes que j’ai souvent aimé aborder.

Autocensure | Photomontage, 2020

Aujourd’hui, pourtant, je ressens comme un besoin de m’exprimer à nouveau. Mais avec la démultiplication des outils et des réseaux, c’est devenu difficile de faire le tri et de savoir où partager… D’autant que j’aime créer des choses très diversifiées et parfois complètement opposées, qui ne s’adressent donc pas forcément aux mêmes personnes.

J’ai bien sûr créé plusieurs comptes et pages sur les réseaux, pour tenter d’un peu « séparer » les projets, mais je finis par m’y perdre. Je partage certes régulièrement mes pensées sur mon compte Facebook « privé », mais plus le temps passe, plus l’envie de me couper de ce réseau se fait ressentir. Enfin, je n’oublie pas ma chaîne YouTube, mais elle se veut humoristique et même si j’y aborde certains sujets de psychologie, la case de description ne permet pas les longs écrits qui sont, selon moi, complémentaires.

Alors pourquoi ne pas tout simplement reprendre ce blog comme un moyen de partager tout ce qui me passe par la tête ?

Bien sûr, je pourrais tout garder pour moi. Continuer à écrire et créer sans jamais rien montrer. Rester dans mon anonymat et mon silence, m’évitant ainsi tout potentiel problème si mes propos venaient à être lus par les mauvaises personnes.

D’ailleurs, depuis que j’ai rejoint le monde actif du travail, je me suis souvent posé la question : à quel point ai-je le droit d’être moi-même et de m’exprimer comme bon me semble dans le cadre de ma « vie privée », même si celle-ci devient en fait publique par le biais d’internet ? Tant que je fais du bon travail, ai-je le droit d’être qui et ce que je veux une fois mes heures prestées (en restant bien sûr dans le respect d’autrui et des valeurs morales) ?

Aujourd’hui, j’estime que je n’ai rien à perdre à partager mes pensées. Je pense avoir acquit suffisamment de maturité, de sérénité et de recul pour que ce que je crée et expose sur internet ne puisse en aucun cas m’être préjudiciable… Et ce quels que soient les sujets abordés.

Peut-être cela donnera-t-il lieu à des échanges intéressants et constructifs. Peut-être, sans doute même, cela ne sera-t-il jamais lu par personne puisque je ne fais aucune promotion pour mon blog. Mais ça n’a pas vraiment d’importance au fond : cette démarche, je la fais dans un but de partage avant toute chose, mais elle est aussi très personnelle. Alors si mes écrits peuvent un jour être utiles à quelqu’un, j’en serai plus que ravie, mais sinon, ma foi… Tant pis !

J’ai vraiment envie de pouvoir aborder toutes sortes de sujets : continuer à parler de voyages bien sûr, mais aussi parler plus amplement de dépression et de burn out comme je l’avais déjà fait, aborder des sujets plus psychologiques, parler d’image et de rapport au corps, et j’en passe.

Ne plus me museler, et laisser parler mes envies… Tout simplement !

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