Burn out : bilan après un an
Il y a un peu plus d’un an, j’entamais le plus long arrêt maladie de ma vie. Un burn out mal soigné avait fini par se muer, petit à petit, en dépression profonde. J’avais abordé le sujet dans un article précédent, avec la réalisation d’un court-métrage : « Dans ma tête »
Un an plus tard, il me semble pas mal d’établir un bilan sur mon évolution depuis lors.
Cet épisode dépressif m’a énormément fait souffrir, mais, paradoxalement, je me rends compte aujourd’hui qu’il m’a aussi énormément fait grandir. J’ai passé divers tests auprès de professionnels pour comprendre qui je suis, j’ai lu pléthore d’articles et de livres pour bien intégrer les mécanismes de mon mode de fonctionnement. J’en suis ressortie plus forte. J’ai longtemps cru que j’étais folle ; aujourd’hui je sais que je suis « juste » hypersensible. Et que ça ne se soigne pas.
J’apprends à composer avec qui je suis, à mieux gérer mes réactions, à tempérer mon impulsivité, à comprendre mes émotions, et aussi, surtout, à pardonner. À pardonner ceux qui me jugent, me critiquent ou me font du mal sans le vouloir ; mais aussi à me pardonner moi. J’ai toujours été hyper exigeante envers moi-même et souffert d’un cruel manque de confiance, étant consciente de mes moindres défauts, de mes paradoxes, de mes « anomalies », de ma « bizarrerie ». Aujourd’hui j’essaie de chasser la culpabilité inutile et d’apprendre à accepter l’idée que j’ai certes des défauts, mais je suis simplement humaine et nul ne peut être parfait.
Je sais que le travail à effectuer sur moi-même est encore long, mais la psychologie humaine est complexe et tenter de devenir une meilleure version de soi est le travail de toute une vie. Aujourd’hui, je m’estime chanceuse d’être passée par des phases de tel mal-être que j’ai pu entamer ce travail d’exploration de mon être et d’introspection. Beaucoup de personnes n’en seront jamais capables, tout simplement parce qu’elles n’ont aucun recul et ne savent pas se remettre en question.
Alors bien sûr, je sais que toute ma vie, je resterai dépendante de mon hypersensibilité. Mais j’apprends, petit à petit, à la dompter, et je m’étonne d’être désormais capable de rester forte et réaliste en cas de coups durs, sans plus trop pleurer. J’essaie de rester positive, et je préfère laisser la nature s’exprimer à ma place quand j’ai besoin d’être apaisée (d’où la vidéo ci-dessus).
Je sais que toute ma vie, je serai la proie d’épisodes dépressifs, car lorsqu’on a du mal à s’arrêter de penser et que viennent nous hanter les sempiternelles questionnements existentiels menant à la conclusion que tout n’est que vacuité, il est logique d’être pris de profondes envies de crever. Je tente d’apprendre à combler le vide. Et à trouver ce qui me convient pour que je me sente bien.
Aujourd’hui, j’avance.
Cela fait maintenant 6 ans que je vis en colocation (j’avais emménagé avec mon compagnon de jadis, nous avons rompus, il a déménagé, je suis restée, mais sans les moyens de payer un loyer entier à moi seule, je sous-loue depuis lors la 2e chambre).
Et trois ans que je mène une double-vie, à payer deux loyers. Le week-end, je rentre à Liège retrouver mon semi « chez moi » et mon chat ; la semaine, je vis dans un minuscule studio une pièce pour me rapprocher du boulot et de mes collègues. Trois ans sans vraies racines, partagée entre deux lieux dortoirs où je ne fais, au final, que passer.
Chaque début et fin de semaine, mes trajets semblent interminables. Si je trouve un Blablacar, c’est préférable, il n’y en a « que » pour environ 2h30-3h de trajet (le temps d’arriver au point de RDV ; de prendre la route ; et de rentrer du point de dépôt jusqu’à chez moi). La plupart du temps, cependant, je prends les transports en commun : trois trains et un bus (voire deux en cas de travaux sur les rails), je mets, dans le meilleur des cas, environ 4h pour rentrer chez moi… Qui se transforment parfois en 5 ou 6h en cas de retard. Le reste de la semaine, c’est environ 1h de route qu’il nous faut compter pour arriver sur mon lieu de travail.
Je sais qu’il y a pire que moi – ce serait de toute façon ridicule de me plaindre de mes propres choix de vie -, mais je sens aussi que j’ai atteint ma limite de tolérance.
Je n’en peux plus de ce rythme de vie ridicule. Je ne me suis jamais sentie « à ma place » nulle part ; je ressens un immense besoin d’avoir un VRAI « chez moi », avec de l’espace, aménagé selon mes goûts et sans colocataire.
J’ai longuement hésité : est-ce que je quitte mon travail pour rentrer à Liège où se trouvent ma famille, mes amis et mes repères ; ou est-ce que je quitte Liège pour emménager auprès de mes collègues ?
J’ai choisi la 2e option et signerai fin de semaine la promesse d’achat de ma future maison. Je suis par ailleurs ENFIN en train de passer mon permis de conduire.
Je veux me construire une nouvelle vie au calme dans un village perdu de campagne, pour enfin pouvoir me recentrer sur moi-même. Apprendre à prendre soin de moi, avoir un rythme de vie plus sain, cultiver un petit potager, faire pousser des plantes, apprendre à cuisiner, pouvoir rentrer du travail à des heures décentes et enfin m’atteler à attaquer les nombreux jeux vidéo que j’ai achetés sans jamais y toucher…
Avoir plus de temps pour lire, mais aussi pour filmer, photographier, coudre et dessiner. J’ai toutes les peines du monde à me consacrer à mes passions avec ma vie partagée entre deux lieux ; je veux pouvoir m’aménager un espace qui boostera ma créativité.
Bien sûr, je suis toujours hantée par moult peurs : la peur de me tromper, la peur d’échouer, la peur de me confronter à moi-même et de réaliser que je ne suis qu’une bonne-à-rien, la peur de perdre mon emploi et d’avoir des difficultés financières, la peur de bouleverser mes habitudes de vie… Mais celui qui passe sa vie à craindre n’avance jamais. Je pense que me sortir de ma « zone de confort » pour m’en créer une nouvelle ne pourra qu’être bénéfique. C’est une nouvelle expérience ; l’occasion de découvrir, d’explorer, de faire des nouvelles rencontres, et surtout, d’être face à une nouvelle forme d’apprentissage.
Je resterai toujours cette petite fille timide, socialement inapte, avec un terrible complexe de l’imposteur ; mais j’essaie d’apprendre à me faire confiance, à croire en moi… Et à avancer.
[Vidéo : Parce que parfois, des images valent mieux que des mots pour exprimer les maux. De la pluie dans mon cœur et des orages intérieurs. Les torrents emporteront tous les tourments… Images contemplatives par un soir de tempête. Mardi 7 Août – Metzervisse – Filmé maladroitement – monté dans l’ordre de prise de vue – RIP mon appareil photo et mes baskets qui ont rendu l’âme suite aux trop grosses quantités de pluies prises dans la tronche.]
One Comment
Amélie
Ma petite poulette! J’espère vivement que tu trouveras toute la sérénité qui te manque tant. Je t’envoie plein d’ondes positives remplies de joie et d’amour.