Japon – Haikyo
Je pense que la situation idéale, celle qui crée le plus de surprise, ce n’est pas quand tu vas à l’urbex, mais quand l’urbex vient à toi…
Aujourd’hui, j’interromps la chronologie de mon récit pour un article un peu à part.
J’avais longuement cherché des adresses d’exploration potentielle au Japon proches des lieux où nous nous rendions, sans rien trouver de convainquant quant à la facilité d’accès. Au départ, nous avions prévu de visiter le Nara Dreamland, sans doute le spot le plus connu de l’archipel, mais Vincent a été refroidi par le risque encourru si l’on se fait prendre (jusqu’à 1000€ d’amende d’après les témoignages trouvés) et je me voyais mal partir seule, d’autant qu’en cas de mauvaise rencontre, je parle à peine japonais… Je m’étais donc résolue à ce que ce voyage se fasse sans exploration urbaine, ce sera pour une autre fois !.
Et c’est à l’endroit où l’on s’y attendait sans doute le moins que l’urbex est venue à notre rencontre ! On avait déjà repéré le bâtiment en passant, mais il nous semblait trop éloigné à pieds. Et c’est en se promenant au hasard qu’on a fini par retomber dessus à notre grande surprise… Comme quoi, parfois, le hasard a du bon !
De part son aspect et sa superficie, cela ressemble fortement à un ancien hôtel ? Difficile à dire. Un parking lui fait face, et la végétation l’a complètement englouti, ce qui lui confère une allure un peu hors norme.
On fait le tour, plutôt rapidement, prenant des photos sans trop oser m’attarder pour ne pas ennuyer Vincent qui n’a pas son appareil sur lui aujourd’hui. Déception : il ne semble pas y avoir d’entrée…
Vincent tente tout de même un passage par le bas du bâtiment où l’on aperçoit quelques chaises et autres meubles, mais ne voit pas d’accès, et les seules vitres brisées que l’on aperçoit sont hors de notre portée, même une escalade sur les balcons ne semble pas envisageable. On ne veut pas non plus tenter le diable, étant complètement à découvert et ne voulant pas risquer d’ennuis.
J’ai un peu de tristesse en apercevant une petite terrasse sur le toit, qui a l’air super mignonne ! Malheureusement mes photos ne donnent rien, mais j’aimerais tellement pouvoir y accéder et contempler la vue de là…
C’est dans la frustration la plus totale qu’on termine notre tour. Vincent part se poser plus loin le temps que je finisse mes quelques photos…
Et soudain, le miracle s’accomplit ! (Distribution de pains à tous ceux qui saisiront la référence.) J’aperçois au loin une fenêtre désencastrée accessible…
C’est un grand sourire aux lèvres et le cœur battant que je me mets à courir : « Vincent ! Vincent ! Il y a une entrée ! Il y a une entrée ! On tente ? » « Bon, allez, puisqu’on est là, ce serait bête de passer à côté !«
Et hop, on s’enfonce dans la végétation pour rejoindre la fenêtre. Elle a été très proprement retirée, des petites tuiles à ses pieds pour faciliter l’entrée, et des palettes en bois pour refermer au maximum l’ouverture et rendre cela plus discret. On pousse un peu les meubles et on s’introduit dans la pièce…
On hésite un moment à avancer, vu l’état du plancher qui s’est écroulé. Mais il s’agit juste des fondations en-dessous qui n’ont pas tenu, on est d’abord un peu méfiants et une fois assurés que le plancher ne va pas s’enfoncer sous nos pieds, on commence l’exploration. Je m’excuse si certaines photos sont sombres et bruitées, la pièce était mal éclairée et j’ai du un peu pousser les isos…
Le sol s’est complètement effondré sous le poids des tatamis !
L’endroit est un peu sens dessus dessous, mais ça reste correct par rapport à ce qu’on trouve chez nous. Pas de casse, pas de tags, pas de grosses dégradations, le lieu a sans doute déjà été visité et peut-être un peu pillé, mais n’a pas été vandalisé. Et ça, ça fait plaisir à voir !
On trouve divers objets sur place : des jeux de go et de shôgi, des craies, des cassettes à karaoké, des folders publicitaires, des cartons remplis de cruches à saké, de sachets plastiques, de bandeaux…
Il a des petits casiers et un peu plus loin, un ancien distributeur. Tellement de choses en ce lieu, que pouvait-il donc être ?
On tente d’ouvrir la porte dans le fond… Fermée, évidemment. On se contentera donc de cette petite annexe ! Comme pour nous encourager, le soleil se décide à venir nous tenir compagnie ♥
On fait un dernier tour des lieux, s’imprégnant de l’ambiance et tentant d’observer un maximum de détails.
Je resterai bien plus longtemps, mais d’autres aventures nous attendent, on ne s’attarde donc plus trop et on ressort, veillant à replacer les palettes comme elles l’étaient à notre arrivée. En urbex, on a toujours un goût de « trop peu » quand on laisse un bâtiment derrière soi, surtout un complexe de cette taille… J’aurais tellement voulu pouvoir chercher plus longtemps après une autre entrée, voir ce qui se trouvait derrière ! Mais avoir pu entrer, c’était déjà amplement suffisant à mon bonheur !
Tomber sur un bâtiment de la sorte par hasard, ça a l’avantage de laisser la surprise, on ne sait pas à quoi s’attendre, si on va savoir rentre ; la découverte est totale puisque l’on n’a pas vu de photos des lieux au préalable et ça ajoute à la touche d’excitation.
Mais ça a comme aspect négatif qu’au final, on ne sait pas ce qu’on a visité. Ce qui a mené le lieu à l’abandon, quelle est son histoire, son passé. On ne peut que spéculer… Et laisser notre imagination s’emballer.
11 Comments
Lunie
Oh mon dieu ça fait du bien! Ca me manquait aussi!
Et tes photos sont magnifiques :3
Milk
Huhu merciiii ! On était trop contents de tomber là-dessus au Japon ! J’espère qu’un jour on aura l’occasion de faire de l’urbex ensemble là-bas, ça pourrait être fun :p
Béné
Je n’oserais jamais explorer mais j’adore voir les photos d’haikyo. D’ailleurs, il existe un très bon blog à ce sujet : http://www.totorotimes.fr/
Milk
Ouii je l’ai déjà souvent parcouru, ses photos sont superbes !
Avant je n’osais pas non plus explorer, me contentant de baver en passant devant des lieux abandonnés… Puis j’ai fini par m’y mettre il y a un an et demi avec des amis, et ce sont des supers expériences 🙂 Jusqu’ici on n’a jamais eu de problèmes. C’est à tenter (mais pas seule évidemment) !
Kitch
OMG j’ai été captivée tout du long *_*
et au passage, je trouve tes photos du japon absolument sublimes (toutes toutes) 😮 😮
l’ambiance est tout à fait différente de ce qu’on voit d’habitude, et franchement, c’est magicalement merveilleusement plaisant *_*
Milk
Ooh merciiii ! Ca me fait super plaisir surtout venant de toi, avec le nombre de voyages que tu as fait là-bas, et surtout vu ton nombre d’explo urbaines de rêve 😮 ! ♥
Resnooker Bery
Très biar
il y a marqué sur la ボイラー室
donc tout simplement la pièce de la chaufferie à eau
(certainement pour un bain public type onsen, donc peut etre la bonne piste l hotel)
sur la cuve, c est de l essence tout simplement le kanji
après les seuls caractères sont ceux du n vieux distributeurs apparemment…. ya des truc au fromage, des friandises, ce genre de truc..
vu les K7 audio 8 piste, les VHS.. ça a du être laissé à l abandon fin 80. car 90 marqué déjà le CD au japon !
Incroybale lieu : )
Resnooker Bery
biar = beau ! désolé
Tum0r
Bah moi ça me semble bizarre d’avoir dans le distributeur des cheeseburgers et des okonomiyakis dans un hôtel tu vois. On ne le voit pas mais il y avait un grand long tableau dans le fond de la salle. Moi je pense plutôt à une école mais bon. Vu l’ancienneté, ça fonctionnait sûrement avec des boilers etc. Il y avait aussi les bandeaux que les japonais se mettent sur le front pour étudier. Les VHS sont sûrement des machins éducatifs et les jeux pour le temps de midi.
Milk
Aah merci Bery ! Moi je maintiens l’hypothèse de l’hôtel, ou peut-être une pension ou quelque chose comme ça ? Je sais pas, on a quand même vu des cartons remplis de sachets comme s’il y avait des choses à vendre, de cruches, des fascicules publicitaires pour un centre de beauté… C’est pas très adapté à une école ?
Et j’ai déjà vu des distributeurs de bouffe dans des bains publics donc pourquoi pas dans un hôtel !
Le mystère restera entier ! En tout cas c’est impressionnant qu’un bâtiment à l’abandon depuis si longtemps soit en aussi bon état. Vu la densité de la végétation, les années 80-90 ne me semble pas être impossible… Chez nous, tout bâtiment abandonné à ces dates est forcément vandalisé, pillé, fenêtres brisées, des tags partout, etc. Ici, au final, les seuls gros « dégâts » constatés semblent être dû à l’usure du temps.
J’ai trop envie d’y retourner et d’investiguer d’avantage 😮
Lavie Eibel
C’est dingue c’est si beau ! Ca devait être un moment si exceptionnel !
Très chouette article !
A bientôt,
Flavie.